Poèmes

Rouge

Je crie je meurs
Je saigne je pleure

Depuis,
le pavé s’est enrougi,
le béton s’est enrougi,
le mur s’est enrougi,

le gris s’est enrougi.

Péripathétique

Dans un restaurant
au moment du dessert
la serveuse s’approche
elle propose des douceurs
un client demande le prix:

tonnerre de ricanements parmi l’auditoire hahaha!

fin de l’histoire

Cherchez l’intrus
ou plutôt l’intruse
ou plutôt les intruses:

la moitié de la population de cette putain de planète?

non le mot n’est pas trop fort,
le mot est bien choisi

ou plutôt

le mot est bien subi

Valse triste

je suis cernée par un carcan
d’élans contradictoires au bon entendement,
aux idées bien polies par le temps et les esprits,
aux évidences à tous les non dits aux sous entendus aux a priori

je suis enveloppée dans un cerceau
voltigeant sans repos, exhalant de toutes parts,
une aura de pensées incendiaires et décadentes,
contagieuses et contaminantes

je suis happée par une spirale de malheur
qui tord mon cerveau, essore mon coeur,
délave mon corps, méprisant tout

je suis le reflet d’un naufrage
le vent disloque ma volonté
l’emporte vers l’inconnu brumeux
ainsi que les vestiges de mon amour-propre
laissant pour toute trace un sillon éphémère,
qui sitôt apparu et englouti, n’existe plus.

orgueil déplacé, voilure lacérée, désormais inutile,
flottant lamentable, perpétuellement futile,
noyé dans l’infiniment gris.

Choix

Des chutes de papier,
déchues de leur perchoir,
chutent d’un immeuble.

Chut !

Écoutez-les choir!

Tant que nous aurons des elles…

des drones des clébards
des ruines des hangars
des matons des flemmards

elle en faut pour tous les goûts paraît-elle

des rideaux de fer
des couteaux de mer
des bonnes à tout faire

elle en faut pour tous les goûts paraît-elle

des murs de Berlin et d’ailleurs
des symphonies de Mahler
des fusils
des mélodies
des cordes au cou
des accords chauds et doux

elle en faut pour tous les goûts paraît-elle